La danse est une série de mouvements rythmiques du corps. C’est l’art de s’exprimer en interprétant des compositions chorégraphiques. C’est un enchaînement rythmé et harmonieux de gestes et de pas. Chaque parent devrait apprendre à son enfant à danser dès les premiers pas. La danse développe le cardio, les muscles et le plaisir de bouger de l’enfant. Elle contribue à développer son sens de l’équilibre et à améliorer ses réflexes. Pendant cette période, l’enfant se découvre à travers la danse. Il prend conscience de sa sensibilité et fait appel à son imagination. Il apprend à coordonner ses mouvements au rythme de la musique.
Toutes ces qualités de la danse contribuent au bien-être du tout-petit. Il faut rappeler que la danse en général va souvent de pair avec la musique. Comme chaque région du monde a sa spécificité, la musique traditionnelle africaine est très diversifiée en raison de la multitude d’ethnies et de cultures. Il en résulte une infinité de styles de danse et de musique. Le plus intéressant est que ces cultures utilisent pratiquement les mêmes instruments, mélodies, danses et rythmes pour des résultats différents. Dans la tradition africaine, la musique et la danse représentent l’expression de tout un peuple ou d’un groupe de personnes. Elles jouent un rôle très important dans la communication.
Quel que soit l’événement, la danse et la musique sont toujours présentes. Que ce soit pour admirer et louer le courage et la bravoure des guerriers du passé, pour la sortie du nouveau-né, les cérémonies de dot, le mariage, le deuil, etc. La danse et la musique en Afrique trouvent les mélodies, les pas et les rythmes pour exprimer avec justesse ces événements dans nos langues africaines.
Elles expriment surtout les émotions, la joie de vivre ensemble pour transmettre la tradition, magnifier les ancêtres, glorifier les divinités, accomplir les rituels. Ils ont même permis aux esclaves africains du 16ème siècle au Brésil de penser et de développer la capoera, une technique d’autodéfense cachée dans leurs rituels culturels afin de se protéger contre leurs maîtres par besoin de liberté. Au-delà de toute formalité, les moments de danses et de musiques traditionnelles sont des moments de convivialité et de joie.
Malheureusement, la pratique des danses traditionnelles au fil des années, connaît une régression à grande vitesse laissant place aux danses classiques et contemporaines avec l’avènement du RNB, du coupé décalé ou autres. Comment expliquer cet état de fait ? Que sont devenues ces danses qui accompagnaient nos musiques traditionnelles en Afrique ? Pour être plus précis, prenons uniquement le cas du Bénin. Quel est le résultat ? Combien d’entre nous savent danser le Tèkè1, le Zinli2, le Toba3, le Tipenti4, le Zandro5, l’Agbadja6, l’Ogbon7, le Massègohoun8, l’Adjogbo9, le Tchingoumè10, le Kakahoun11, le Guèlèdè12, pour ne citer que ceux-là. Des danses qui, au-delà du divertissement, racontent une histoire, transmettent un message, mais sont aussi l’expression de nos us et coutumes.
Pour illustrer la pertinence de notre avis, prenons l’exemple du Guèlèdè inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008. Il s’agit d’une danse masquée, exécutée en harmonie avec les rythmes de 4 tam-tams et des chants Nagot ou Yoruba à la fin des récoltes, lors de certaines naissances, décès, mariages, épidémies ou sécheresses. Cette danse, au-delà de la beauté qu’elle transmet et qui fait dire au peuple Nagot que « oju to ba ri Guèlèdè, ti de opin iran13 » Les danses en Afrique avaient un sens profond, elles reliaient les jeunes aux anciens et participaient à maintenir le dialogue entre les générations et organisaient la transmission du savoir, de la sagesse indispensable à la perpétuation des civilisations.
Faut-il laisser disparaître nos danses ? Sans aucun doute non. Au contraire, c’est précisément le moment de faire connaître notre culture dans un monde où chaque partie du globe tente d’imposer ou au moins de préserver la sienne. Sinon, nous serons « recolonisés14 », hélas. Car « les Noirs doivent assumer leur propre histoire et contribuer à la civilisation de l’Universel ». Discours de Thomas Sankara du 21 avril 1986.
1 Le Tèkè : « Observé dans le nord du Bénin, le Tèkè est plus précisément une danse du Borgou et de l’Alibori. Il est dansé par les jeunes baatonu lors de l’intronisation d’un roi ou lors de la fête de la Gaani.
2 Le Zinli, anciennement appelé Avi zinli, est à la fois un rythme et une musique traditionnelle béninoise.
3 Le Toba est une danse traditionnelle du sud du Bénin, qui était autrefois exécutée au clair de lune dans le Danxomè.
4 Le tipenti est originellement exécuté lors de la dernière séance de sarclage chez l’ethnie Otamari, dans le département de l’Atacora, au nord-ouest du Bénin.
5 Le zandro est une danse pratiquée dans le sud du Bénin principalement par les adeptes du vodoun.
6 L’Agbadja est une danse traditionnelle que l’on retrouve dans le sud-ouest du Bénin (plus précisément dans les départements du Mono et du Couffo), dans le sud du Togo (région maritime) et au Ghana.
7 « L’OGBON fait danser les âmes des morts ! Symbole de joie, la musique traditionnelle OGBON trouve ses racines dans l’aire culturelle Adja Tado, le Yoruba Nago. A la base, c’était un instrument de musique qui est devenu un rythme très populaire lors de diverses manifestations culturelles au Bénin. Il est utilisé dans le culte EGOUN-GOUN » du Bénin : Les origines de la musique Ogbon, « le rythme qui fait danser l’âme des morts ».
8 Le massègohoun est la danse principale de la capitale béninoise. Ce rythme a été créé dans les années 1970 par Yèdénou Adjahoui Ambladji et est exécuté lors des cérémonies funéraires et des fêtes.
9 L’Adjogbo est une danse autrefois exécutée lors des cérémonies funéraires pour rendre hommage aux ancêtres, les pieds, les bras et les hanches étant décorés de raphia tressé. Aujourd’hui, elle peut être exécutée lors de cérémonies de réjouissance.10 Le tchingoumè est un rythme funéraire, inspiré du zinli, qui aurait été créé par Adisso, un esclave affranchi à la cour royale d’Abomey, à son retour à Savalou. C’est un rythme de Savalou, ville du centre du Bénin.
11 Le Kaka houn est le rythme des pêcheurs Tofin de l’Ouémé. On le retrouve lors des cérémonies festives.
12Le Guèlèdè est à la fois un masque, un rythme et une danse. Il est pratiqué par les Yoruba-Nago du Bénin, du Nigeria et du Togo. Il rappelle le rôle primordial des femmes dans l’organisation sociale. Inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2008….
13 « les yeux qui ont vu le Guèlèdè ont vu le spectacle ultime ».
14 Recoloniser dans ce contexte signifie intégrer les valeurs et les codes d’une civilisation autre que la nôtre.