Aissatou Diallo
Symbole de résilience, de détermination et de courage, Mme Diallo a su s’affirmer et démontrer l’étendue de ses compétences à une époque où les immigrés, et pire encore, les femmes, étaient réduits aux tâches ménagères. Elle a fait une carrière de 38 ans, dans une ville marquée en 1993 par un événement raciste qui a coûté la vie à une famille de migrants.
C’est le plus beau jour de sa vie. Après un échange de deux ans entre son père et sa mère, après un premier refus du directeur de l’école en raison de son âge « avancé », elle entre à l’école. Les premiers obstacles à sa scolarité ne l’ont pas empêchée de vivre une scolarité réussie.
Mme Aïssatou Diallo est née dans le Fouta Djallon, dans une famille aimante entourée d’un paysage époustouflant. Son père, autorité religieuse et culturelle, était doux, calme et réfléchi. Sa mère, plus extravertie et fière, avait une sagesse étonnante.
Elle a rencontré son mari à Halle. Ils étaient tous deux étudiants à l’époque, venus étudier dans l’ancienne République démocratique allemande dans les années 1960. Ils ont trois enfants dont ils sont très fiers et à qui ils n’ont pas oublié d’inculquer la culture guinéenne, la langue peul et bien d’autres valeurs.
Depuis novembre 2022, Mme Aïssatou écrit son autobiographie pour partager son expérience et appeler les afrodescendants à s’engager. Dans le lyrisme de son style qui rappelle ses origines peules, elle partage son expérience de vie, faite de combats, de résistance, de force… Bref, une vie pour les autres.
Les bons résultats scolaires de Mme Diallo lui ont permis de se rendre en Allemagne pour poursuivre ses études. Après ses premières années en Allemagne de l’Est, elle a migré à Paris, puis à Lille, en France, où elle est arrivée en 1973, en pleine guerre froide. Malgré les nombreux défis qu’elle a dû relever, elle a fait preuve d’une résilience extraordinaire.
Mme Diallo a mené une carrière réussie en tant que professeur de chimie, de langue et de littérature allemandes. Elle fait partie de ces femmes migrantes qui ont su s’affirmer à une époque où les femmes étaient réduites aux tâches ménagères. Elle a enseigné pendant 38 ans à Leichlingen jusqu’à sa retraite. Aujourd’hui, elle est très heureuse de rencontrer ses anciens élèves : Récemment, une apprenante qui m’a rencontrée m’a dit que j’étais l’un de ses meilleurs professeurs. Cela m’a fait très plaisir.
En 2007, Mme Diallo a reçu le Prix Agenda décerné par la Fondation en reconnaissance de son travail impressionnant pour l’amélioration de la vie, de l’éducation et des conditions de vie dans son pays. C’est aussi une récompense pour les nombreuses salles de classe et hôpitaux construits par la fondation. Elle est non seulement récompensée pour son engagement au sein de l’ONG Bridge e.V. mais aussi pour avoir partagé son expérience avec ses élèves. En effet, de nombreux anciens élèves de Mme Diallo sont aujourd’hui fiers de l’avoir eue dans leur parcours scolaire. Son tutorat n’était pas seulement axé sur la chimie, mais aussi sur le conseil à ses élèves.
Ne voulant pas laisser l’histoire se répéter et voir les jeunes filles de son pays manquer la chance d’aller à l’école, Mme Diallo s’est engagée depuis 1987 en faveur de l’éducation des enfants et surtout des filles en Guinée Conakry. C’est ce qui a motivé la création de l’association Bridge e.V. qui construit des écoles, des dispensaires et apporte un réel soutien aux élèves de Guinée. Après toutes ces années loin de chez elle, et alors qu’elle vit toujours en Allemagne, Mme Diallo pense à sa patrie. Un retour en Afrique auquel elle invite particulièrement la diaspora africaine : « Africains, où que vous soyez dans le monde, vous devez savoir que vous avez un devoir envers votre pays d’origine ; vous devez être le premier secours et la première aide pour votre pays.
D’ailleurs, son engagement civil envers sa Guinée natale fait d’elle l’une des héroïnes noires que notre Académie Noire veut faire connaître.
Sa vie est un témoignage de l’ampleur de la contribution des descendants d’Afro à l’Universel. L’équipe de l’Académie Noire est fière de l’avoir comme marraine.