La relation entre les océans et les migrations gagne en visibilité, en particulier quand on se réfère aux trafics qui s’y font via les navires et les voyages clandestins à la recherche de moyens de subsistance et d’une vie meilleure. Cependant, il y a encore bien d’autres arguments à soutenir en ce qui concerne la migration et les océans, en particulier pour les communautés rurales des pays d’accueil des migrant-es qui dépendent des océans. En effet, en Europe, la pêche maritime est également un secteur d’activité des migrant-es, ce qui constitue une source de revenus non négligeables pour le pays d’accueil. Il est donc important voire capital de lever les équivoques sur les préjugés liés à la migration et les zones maritimes et de mieux comprendre les dimensions de la contribution des migrant-es dans la lutte pour une sauvegarde responsable des ressources maritimes et à l’utilisation durable des ressources des écosystèmes marins.
Les migrations sont potentiellement un moteur de croissance et de développement pour toutes les parties concernées que ce soit les pays d’accueil, les pays d’origine et les personnes migrantes elles-mêmes. Dans les pays de destination, les migrant-es peuvent favoriser le renouvellement de la main-d’œuvre en contribuant ainsi à la viabilité économique en participant à plusieurs activités communautaires. Se référant à l’Allemagne, les immigré-es sont de plus en plus jeunes, ce qui pourrait permettre d’avoir une main d’œuvre dynamique et assez forte pour mener des activités aussi bien à but lucratif que social notamment l’assainissement des berges marines. D’après une étude réalisée par Statistisches Bundesamt, l’Allemagne comptait en 2019 plus de 83 millions d’habitants. Ils étaient âgés, en moyenne, de 44,5 ans. Compte tenu de cette moyenne d’âge de la population, les jeunes ne pourront pas remplacer, d’un point de vue purement mathématique, la génération de leurs parents. Mais il s’agit d’un déficit que la Migration pourrait permettre de relever grâce aux jeunes immigré-es qui peuvent intégrer rapidement le marché du travail. Ils pourront ainsi atténuer la pénurie de main-d’œuvre et contribuer à la prospérité et à la réussite économique du pays. En outre, de nombreux migrants apportent des compétences précieuses dans le domaine de l’environnement et de la protection de la nature, qui ne sont souvent pas visibles ou ne sont pas reconnues en tant que connaissances académiques.
Par ailleurs, le réchauffement climatique est une réalité à laquelle les jeunes générations se confronteront de manière très brutale dans les décennies à venir. Et c’est dès aujourd’hui que les jeunes devront se mobiliser massivement pour préserver la planète. C’est dans cette optique que même dans les pays d’accueil, les jeunes migrants mènent des actions au quotidien afin de contribuer à la lutte contre les changements climatiques. En témoigne l’engagement de Amina TALL, une burkinabaise vivant en Allemagne qui milite pour la protection de l’ environnement. Consciente de l’urgence que constitue la sauvegarde de l’environnement, elle est impliquée dans ce sujet depuis des années, même en tant qu’étudiante, elle a encouragé les gens de son quartier/village à planter des arbres fruitiers/arbres pour la préservation de la nature et pour la protection du climat. Son engagement se poursuit aujourd’hui et elle organise des séances de salubrité pour l’assainissement des plages d’Allemagne. Ces séances sont un moyen pour les migrant-es de se réunir et de mener ensemble une activité communautaire qui impacte l’environnement ; cela facilite aussi l’intégration des migrant.e.s dans leur pays d’accueil et constitue un espace de réseautage avec des autochtones. Amina TALL est actuellement « Ambassadeur en Humanité dans le projet Moringa pour protéger la nature contre le changement climatique ».
Comme elle, il existe bien d’autres associations de migrants qui mènent des activités au-delà des frontières de leurs pays d’origine pour une lutte efficace contre la pollution maritime. Nous devons donc regarder les politiques et pratiques migratoires avec un œil innovant, pour voir comment la migration peut apporter des solutions et des possibilités aux problèmes de changement climatique et de dégradation de l’environnement.