L’Académie Noire rend visibles les actions des médecins africain.e.s non révélées au monde
L’histoire de l’évolution de la médecine a toujours été racontée à travers le prisme des avancées et des contributions des médecins occidentaux : européens, asiatiques comme américains. Cependant, il existe un pan de l’histoire médicale souvent négligé et méconnu : celui des médecins africain.e.s et de leurs œuvres qui ont été injustement occultées et cachées. Le Dr. Trésor Mabanza nous fait des révélations lors de la conférence hybride DJOUHOUL (signifie causerie en langue Bassa’a du Cameroun) tenue le 24 Mai 2023 et organisée par MeineWelt et ses partenaires notamment Goethe Institut, la Ville de Mannheim et la Kirchliche Arbeitsstelle Südliches Afrika dans le cadre de l’initiative Black Academy. La conférence a eu lieu au N1, Salle 52/53 de l’hôtel de ville, 68161 Mannheim et en ligne via Zoom Meeting de 18 :30-20 :30 avec la présence de 84 participant.e.s d’Afrique (Bénin, Cameroun, Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Congo, Sénégal, Mauritanie, Burkina Faso, Algérie, Niger, Kenya, Togo, Afrique du Sud ); d’Europe (Royaume Uni, Allemagne, Pays-Bas, Suisse) et d’Amérique (Les Samoa Américaines).
Les peuples africains avant la période coloniale, grâce à leurs traditions et les connaissances médicales dont ils disposaient ont pu nourrir le continent de richesses et de savoirs médicaux inestimables qui étaient transmis de génération en génération. Rien qu’à l’aide des plantes et de la science basée sur les bienfaits de la nature, la médecine traditionnelle africaine arrivait à guérir tout type de maladie. Avec l’évolution de la science et la modernisation, nombreux sont les jeunes qui ont choisi la voix de la médecine, moderne cette fois-ci.
En effet, malgré leur invisibilisation, de nombreux médecins africain.e.s continuent de démontrer leur expertise et leur engagement en apportant des innovations médicales significatives, en améliorant les systèmes de santé et en formant la prochaine génération de professionnels de la santé. Ils jouent donc un rôle crucial, en apportant leur expertise et leur expérience pour relever les défis sanitaires auxquels le continent est confronté. Leur contribution a été essentielle pour améliorer les systèmes de santé, renforcer les infrastructures médicales et promouvoir des politiques de santé favorables. Parmi ces héros et héroïnes de la médecine africaine, le Dr Nsangou Mouhamadou Bachirou, jeune médecin camerounais, dont les travaux de recherches ont permis l’invention du VeninSerin un remède contre la morsure de serpent en Afrique.
Mais, malgré leur expertise et leurs compétences, leur engagement et les bons résultats que donnent leurs travaux, les médecins africain.e.s ne sont pas reconnus et pire leurs résultats sont volés et attribués aux puissances du Nord Global qui prétendent s’engager dans les luttes pour une Afrique en bonne santé. Le Dr. Trésor Mabanza, chirurgien de formation, qui a activement participé à la lutte contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest, précisément au Libéria, en Guinée Conakry et en Sierra Léone en est un exemple. Pendant des années, il a sacrifié son énergie et puisé dans ses connaissances et son savoir-faire pour trouver des stratégies, des méthodes et des remèdes pour stopper la propagation du virus sur le continent. Ses efforts de recherche ont permis de mieux comprendre cette maladie endémique, de développer des traitements adaptés aux populations qui étaient atteintes et d’améliorer des stratégies de prévention et de contrôle du virus. Malheureusement, au moment de lui reconnaître ses mérites après l’éradication du virus, il découvre que l’équipe des pays du Nord Global venus sur le terrain se sont proclamés héro.ine.s.
Une question vient tout de suite à l’esprit : que vivent alors les médecins africain.e.s travaillant à l’étranger ?
D’après des sources officielles (Ministère fédéral de l’Economie et de la Protection du Climat) du Gouvernement fédéral d’Allemagne, 32.000 médecins étrangers sont installés dans ce pays et viennent de pays en dehors de l’Union Européenne et parmi eux, 10% viennent du continent africain. Face au racisme, à la difficulté d’insertion et d’adaptation aux nouveaux outils de traitements, nos héros et héroïnes se battent pour valoriser notre continent au-delà des frontières. Ils sont nombreux à se donner corps et âme pour le maintien de la vie de leurs patients même si leurs efforts ne sont pas reconnus comme cela se doit. Leurs compétences sont reconnues de tous mais pas valorisées comme il le faut.
Les Africains peuvent quand même croire fermement au bouleversement des choses dans quelques années. Les merveilles de nos médecins africain.e.s ne resteront pas longtemps enfouies dans le monde de l’oubli. Comme le dit le Dr Trésor Mabanza; seuls le travail et la foi pourront nous révéler au monde.
par Abdoul Boukari et Amour Agon